Une Proposition Rééducationnelle:

Voix et système musculaire:

Mónica Miralles, orthophoniste.

Qu'y a-t-il derrière la voix ? Comme l'affirment différentes méthodes, la voix efficace dépend non seulement du bon état de l'appareil bucco-phonatoire, mais aussi du système osseux-musculaire-articulaire général du corps humain. Ce qui reviendrait à dire que nous sommes comme un robot élastique doté de volonté et de mémoire d'apprentissage, prisonnier, qu'il faudrait conditionner.

Dans toute altération vocale, on décèle essentiellement un usage erroné des muscles et des systèmes osseux plus ou moins éloignés de l'organe vocal. Ainsi, les troubles de la voix doivent être traités dans une perspective intégrale, en prêtant particulièrement attention à la structure et à son comportement.

Étant donné le caractère d'urgence de la mise au point de la voix que requièrent la majorité des patients de Art & Salut de la Veu (acteurs, chanteurs et/ou locuteurs professionnels), lesquels n'interrompent pas leur activité professionnelle – sauf dans des cas extrêmes – pendant le processus éducatif ou rééducatif, et en attendant dans le cas où il est nécessaire de l'interrompre pour une intervention chirurgicale (bien que dans tous les cas un soulagement rapide est plus que justifié), le critère que je privilégie et ma ligne de travail sont l'étude systématique de la production sonore du patient et la définition de quand, comment, et qu'est-ce qu'il fait avec sa voix pendant le spectacle. D'autre part, l'évidence de la non dissociation de la TMF et la thérapie vocale. Pour cette raison et pour établir des priorités dans les objectifs, au diagnostic phoniatrique, à l'exploration vocale et l'anamnèse qui inclut l'historique ORL, traumatologique, psychologique et odontologue, s'ajoute une synthèse d'exploration miofuncional .

Pendant des années, j'ai observé que la correction posturale en relation avec l'acte, dans le temps que dure la rééducation, est seulement partielle étant donné que, dans la majorité des cas, la statique est également altérée; elle continue donc à interférer dans la production vocale pleine et influe directement sur les récidives, y compris après une intervention chirurgicale. D'où la constatation que la posture peut être acquise progressivement en relation avec l'acte (kinesthésie) mais rarement s'établir en relation avec la statique de l'individu. La profession des cas qui nous occupent oblige à une approche conjointe pour un résultat agile et évident, d'où la proposition de travail en équipe avec la physiothérapeute et un orthophoniste-chiropracteur de soutien. Il faut souligner que ce plan de travail est déjà développé dans des centres d'orthophonie comme celui de Jean-Louis Brun à Nîmes, qui, avec l'impulsion de la kinésiologue M.I. Fournier (Paris), nous a encouragé à mener à bien ce projet. Comme chacun sait, le traitement de la sphère oro-facial , posture pendant l'acte, installation de la dynamique respiratoire et phono-respiration adéquate, le massage occasionnel de certains muscles, étirements des cervicales et/ou des zones en relation avec le larynx, relaxation... sont des fonctions que l'on assigne aux orthophonistes. Je crois que, bien que nécessaires, elles ralentissent le rétablissement du patient en obligeant le phono-thérapeute à établir trop de prémisses au travail intrinsèquement vocal, représentant de cette façon la non-réalité professionnelle de l'acteur ou du chanteur actif. C'est pourquoi, d'après mon expérience, l'apport de la physiothérapie est fondamental, ainsi qu'une approche en relation avec le traitement du système musculaire et structural.

Ainsi, au cours de la deuxième visite, avec les données recueillies au cours de la première, nous établissons un protocole spécifique pour préciser dans la mesure du possible les muscles, liens et chaînes musculaires qui interviennent dans le mouvement li br e du larynx et du diaphragme, et observer la colonne verté br ale, la tonicité, la statique et la dynamique du patient.

La troisième phase consiste en la répartition des tâches et la distribution des sessions. Pour ma part, les fronts d'action sont des consignes posturales basiques qui n'impliquent pas trop la volonté. Je m'aide de supports comme le sol, le mur, des élastiques, etc, afin de situer l'artiste dans la stabilité la plus adéquate possible pour pouvoir avoir une incidence sur l'approche systématique de la production sonore, la phono-respiration. C 'est-à-dire équili br er les pressions sous-glottiques et sur-glottiques, en renforçant le maniement fonctionnel de l'ouverture de l'axe transversal lombaire-abdominal et horizontal de la zone située entre les côtes et les crêtes iliaques, pour pouvoir déboucher sur le fonctionnement intrinsèque du larynx, en graduant la nécessité d'élongation, fermeture, contact ou inclinaison des ccvv et l'ouverture vestibulaire , sans exclure la coopération de la musculature extralaryngienne, le placement de la langue en position de repos, tout en incluant la tonification progressive, la relaxation et/ou « élastication » des muscles impliqués dans toutes ces actions depuis la sphère crânienne. On aborde presque dès le début les textes, chansons et situations du professionnel. D'autre part, il est fondamental d'entrer dans le détail et le suivi de l'hygiène vocale dans chaque cas et chaque routine d'exercices quotidiens (sans quoi le processus d' «élastication», tonification et de «  propiocepción «  est très lent). Les objectifs que j'assigne à Anna B., la physiothérapeute, sont le positionnement et la libération spatiale du larynx et du diaphragme. Afin de minimiser la description des relations musculaires, la sélection de muscles, segments et fonctions, (une explicitation spécifique mais vaste à la fois serait nécessaire), je n'en citerai que quelques-unes remarquables.

En ce qui concerne le larynx, informer de l'importance de la pyramide du temporal (chaîne croisée antérieure gauche) et de la position longitudinale en relation avec l'os hyoïde, ainsi que le trépied occiput-atalas-axis et envisager la relation entre cet os et C3 (plateforme de torsion). Équili br er la chaîne antérieure avec la postérieure. Rappeler que l'appareil mandibulaire relie les chaînes musculaires antérieures et postérieures et observer, par exemple, que pour certains auteurs, il existe dans le plan vertical l'opinion selon laquelle les structures mio-facials internes de la cavité buccale et nasale doivent être amenées à une position d'équili br e avant que la colonne verticale puissent adopter une position adéquate, mais il est inéluctable que les sphères crânienne, cervicale et pelvienne sont unies par la lordose cervicale et lombaire, et que la chaîne antérieure relie le plancher buccal, la ceinture abdominale et le plancher pelvien. Noter que la lordose ou attitude « lordosante » des cervicales affecte le placement et la fonction du larynx, qu'une lordose cervicale ou attitude « lordosante » lombaire affecte le placement et le caractère fonctionnel de la région thoracique-abdominale, et que les deux se nuisent réciproquement à travers les muscles extenseurs du dos. Comme il est difficile de déterminer si les compensations qui se produisent dans les zones inférieures du corps sont dues à la tentative de compenser les supérieures et vice-versa, nous intervenons dans les deux sens à la fois en récupérant la souplesse et l'orientation articulaire de la tête, du bassin, des genoux et des pieds.

La solution dans la perte de mobilité du diaphragme, muscle clef dans la statique du corps, ne passe pas seulement par la rééducation, mais aussi par le déblocage des structures propres à ce muscle et des structures à distance qui peuvent comprimer et compromettre son efficacité, en tenant en compte la L3 comme plateforme de torsion.

En ce qui concerne les chaînes musculaires, le travail résidera au début dans l'élasticité des mincées et plus tard dans le renforcement de celles de moindre tonicité musculaire, en évaluant également l'action de la chaîne neuro-méningée et en la libérant dans le cas où elle produirait des hypertonies musculaires.

Évidemment, il ne faut pas oublier que nous sommes des êtres mécaniques, mais également pourvus d'émotions avec des attitudes et des aptitudes, et par conséquent nous influençons systématiquement l'hygiène vocale, les mauvaises habitudes posturales et la relaxation en général, puisque que le facteur stress est un fait qui concerne presque toujours les disphonics . Aussi la figure de Dani P., orthophoniste et chiropracteur, m'est-elle très utile pour inclure la relaxation, le soulagement symptomatique de la douleur, le renforcement de la thérapie miofonctionelle et la propiocepción posturale.

Tous les traitements sont renforcés par une routine d'exercices que le professionnel patient s'engage à exécuter quotidiennement.

En conclusion : l'urgence et la multitude d'aspects à traiter chez un professionnel de la voix actif m'ont conduite à simplifier et distribuer des fonctions en relation avec le traitement vocal, pour pouvoir intervenir directement sur la production vocale. Signaler que la viabilité économique est liée à la concrétion des fronts d'action et à la distribution dans le temps des sessions.

t enfin, il est important de souligner l'importance de l'interdisciplinarité entre professionnels.